Les délégués de personnel élus au comité d’entreprise ne doivent pas confondre l’argent du budget du CE avec le leur.
Ils ne doivent pas non plus utiliser les fonds du budget de fonctionnement pour les œuvres sociales et culturelles ou l’inverse.
« L’abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice d’autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu’elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé ». La peine encourue est de 3 ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende (C. pén., art. 314-1).
C’est au tribunal correctionnel, compétent en la matière, que l’on doit la jurisprudence, et les exemples concrets qui suivent :
Président de la commission Voyages du comité d’entreprise, qui a permis à des personnes extérieures à l’entreprise de bénéficier de gratuités et réductions auxquelles elles ne pouvaient prétendre et qui a profité lui-même, à chaque voyage, des gratuités consenties par les agences de voyages au lieu d’en faire bénéficier l’ensemble des participants. (Cass. crim., 7 mars 2012, n° 11-82.070) ;
Membres d’un comité d’entreprise qui ont fait prendre en charge sur le budget de fonctionnement du CE leurs frais d’un prétendu voyage d’étude au Canada, et qui se sont fait rembourser de nombreuses dépenses personnelles, dont des frais de restaurant, alors que le CE n’avait pas autorisé ces remboursements (Cass. crim., 16 oct. 1997, n° 96-86.231) ;
Des délégués du personnel qui utilisent le budget de fonctionnement du CE pour se faire des petits cadeaux entre eux ou pour financer les sections syndicales de l’entreprise, c’est de l’abus de confiance. Quant au fait, pour un des membres du CE, de s’approprier par exemple les places de cinéma offertes par le prestataire, qui profite de la gratuité de certaines prestations, il peut aussi être qualifié d’abus de confiance.
Le budget de fonctionnement doit servir aux dépenses liées au fonctionnement du CE telles que la documentation, les formations, l’assistance d’un avocat ou d’un expert-comptable, la sous-traitance de la rédaction des PV…
Même si tout le monde est d’accord, élus, syndicats, employeur, il existe un risque de poursuite pénale ne serait-ce qu’en cas de changement de majorité syndicale qui serait de surcroît privée des moyens pour faire fonctionner le CE normalement.
Attention également aux commerciaux qui n’hésitent pas à signaler que leurs produits ou leurs services entrent dans le budget de fonctionnement comme par exemple les frais administratifs inclus dans une facture pour une activité sociale ou culturelle.
Le comité d’entreprise dans ce cas se prive des moyens utiles pour exercer sa mission économique en étant peu ou pas formé sur ses attributions et cela finalement au détriment des salariés.
De plus, l’employeur a accès en temps que membre à la comptabilité du CE et à ce titre, il pourrait agir en justice devant le TGI pour demander la réintégration des sommes illégalement utilisées dans le bon budget. Dans ce cas, ce serait aux élus fautifs de rembourser les dites sommes.
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Cabinet d’expertise comptable est plus particulièrement tourné vers les comités sociaux et économiques. Nous leur fournissons les clés d’un dialogue social équilibré avec la direction.
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